Table ronde sur l’économie numérique :Comment optimiser le potentiel du numérique au Gabon ?

La 1e Table ronde sur l’économie numérique initiée par le Gouvernement gabonais a été ouverte ce mercredi lors d’une cérémonie placée sous le haut parrainage du Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet. Question posée en guise de remue-méninges : Comment optimiser le potentiel du numérique au Gabon ? 
 
Destinée à explorer les différents vecteurs d’impact du numérique sur la richesse nationale, cette réunion de haut niveau prévue sur deux jours doit permettre de dégager des propositions concrètes – nées du dialogue entre les différents acteurs publics et privés de la filière – pour soutenir la créativité et l’employabilité des jeunes Gabonais au cœur de la nouvelle économie mondiale.
 
« Vous devez sortir de cette rencontre avec des recommandations pertinentes et audacieuses, à même d’impulser notre économie à partir du secteur qui est le vôtre. Nous parviendrons ainsi à créer un nombre important d’emplois, ce qui de toute évidence contribuera à la réduction du chômage des jeunes, a indiqué le Chef du Gouvernement dans son intervention inaugurale. Dès lors, la formation apparaît comme une dimension fondamentale de votre action. L’économie numérique est l’un de ces rares domaines scientifiques et techniques où tous les pays de la planète ont démarré presque tous au même moment, avec plus ou moins de réussite, que l’on soit au Sud ou au Nord. La différence de progrès entre les nations s’est donc opérée essentiellement au niveau de la formation des ressources humaines. La formation devrait donc trouver toute sa place au cœur de cette rencontre et figurer à l’agenda de vos travaux. »
 
Devant une salle où avaient pris place, au-delà de la fréquentation attendue, l’ensemble des opérateurs, experts, représentants des médias et consommacteurs du digital national, le Ministre de l’Economie numérique, de la Communication, de la Culture et des Arts a confirmé sa feuille de route : « L’objectif principal fixé au département ministériel dont j’ai la charge est de multiplier par deux l’apport du numérique au PIB d’ici à 2023 ». Pour Alain-Claude Bilie-By-Nze, « l’État n’est pas là pour imposer, mais plutôt pour créer les conditions d’un dialogue productif qui installe des passerelles entre les multiples intervenants potentiels de la e-économie ».
 
Appelée à intervenir, la Représentante résidente de la Banque mondiale, Sylvie Dossou, a rappelé que le projet de dorsale de télécommunications en Afrique centrale devait contribuer à accroître la portée géographique et l’utilisation des services de réseau à large bande régionaux et à réduire leur coût en République du Gabon. À la tribune de la conférence internationale Transform Africa, organisée à Kigali en 2013, le Président de la République, Ali Bongo Ondimba, avait qualifié de «premier pas vers l’indépendance numérique» la connexion du Gabon à cette dorsale développée avec le concours de la Banque mondiale pour un coût de 110 millions de dollars. Rappelant qu’une croissance de 10% de la pénétration du haut-débit implique, quasi mécaniquement, une augmentation d’1,2% de la richesse nationale.
 
Avant que ne s’ouvrent les ateliers programmés jusqu’à jeudi, la table ronde a débuté par un panel exceptionnel animé par la rédactrice-en-chef d’AfriqueInside.com, Samantha Ramsamy. Parole aussitôt donnée au Directeur exécutif de l’alliance Smart Africa, née lors de Transform Africa, Hamadoun Touré. L’ancien secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications, désormais basé à Kigali, a fait le dessin d’une Afrique abritant un milliard d’habitants et qui s’apprête à lever quelque 300 milliards de dollars d’investissements pour le numérique. « Cette industrie -là a comme moteur le cerveau humain, la seule ressource équitablement distribuée. Notre ambition est d’accroître la richesse, une approche préférée à celle de la diminution de la pauvreté ; car le continent est riche et le retour sur investissement est très bon. » Ainsi, plus que jamais, même dans cette période de baisse des cours des matières premières, l’Afrique, continent du « portable », est au cœur de la révolution du web nomade dynamisée par la croissance la plus rapide de l’histoire humaine. Un point de vue partagé par le Ministre délégué auprès du Ministre de l'Economie, Pascal Houangni Ambouroue, présent pour une saisissante et synthétique présentation.
 
Au cours de son intervention dans le cadre du panel, Sofie Maddens, Directrice de la régulation et de l’environnement des affaires au Bureau de développement des télécommunications de l’Union internationale des télécommunications (BDT-UIT), a rappelé que le Gabon avait organisé en 2015 le colloque mondial des régulateurs sous la présidence de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP). « L’accès aux NTIC est un droit humain », a-t-elle souligné en faisant allusion aux Objectifs de développement durable des Nations unies.
 
Le Directeur général de Gabon Télécom, Abderrahim Koumaa, a de son côté indiqué qu’une trentaine de localités du pays étaient couvertes en 3G/4G et que 66% des moyennes et grandes entreprises pouvaient bénéficier du débit assuré par la fibre optique. Reste, selon lui, à rendre plus abordable l’accès au marché formel des téléphones intelligents (smartphones).
 
Afin de lancer les réflexions qui devront se structurer au fil des ateliers, le gérant de la société Sparence, Philippe Lapidus, spécialiste de l’écosystème et de ses étapes de financement, a précisé : « Partout dans le monde, un bon projet est un bon projet, et il est toujours financé ; l’échec, s’il arrive, porte les germes d’un succès futur basé à la fois sur la qualité de l’idée et sur la personnalité de l’entrepreneur ».
 
En guise de viatique adressé à l’ensemble des experts invités à travailler dans les prochaines heures, Alain-Claude Bilie-By-Nze, maître d’œuvre principal de l’événement soulignera finalement : « Faire du Gabon un hub régional de l’économie numérique repose sur l’émergence d’acteurs significatifs dans notre pays, s’appuyant sur des infrastructures de qualité et sur une architecture institutionnelle favorable au développement du secteur. A cette fin, le Gouvernement présentera dès le mois de janvier prochain son projet d’amélioration de l’environnement réglementaire, pour que celui-ci rentre en vigueur dès le mois d’avril prochain et participe à l’émergence du hub régional ».