Déclaration du Ministre sur violences et abus sexuels faits aux enfants au Gabon

Mesdames et Messieurs les animateurs de la Société Civile, et des Syndicats des travailleurs

Mesdames et Messieurs  responsables d’administrations publiques et privées,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Mesdames et Messieurs responsables des confessions religieuses,

Mesdames et Messieurs Responsables et leaders d’opinions politiques,

Mesdames et Messieurs des forces de sécurité et de défense,

Mesdames et Messieurs de la Presse et des Médias,

Gabonaises, Gabonais, Chers Compatriotes,

 

Il y a plus de 18 mois, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, et Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, me firent l’honneur de me désigner  Ministre en charge des Droits Humains et de l’Egalité des Chances.

Hormis la joie naturelle inhérente à ce type de distinction, j’ai été alors saisi d’une grande appréhension quant à la tâche qui se profilait devant moi, et dont l’ampleur demeure proportionnelle à l’immensité des problèmes relevant de ce Département chargé, non pas seulement de ces droits proprement dits, mais en réalité du genre humain en tant que tel ; précisément dans ce qu’il a de consubstantiel à son essence profonde.

Mesdames et Messieurs,

« Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent », peut-on lire dans les saintes écritures.

Malheureusement, dans ce monde qui a développé les technologies les plus sophistiquées, il y a encore de nombreux enfants qui vivent dans des conditions inhumaines. Et notre pays, le Gabon, n’échappe pas à ce sombre et triste constat.

Tant d’enfants aujourd’hui encore sont exploités, maltraités, tenus en esclavage, objets de violences et de trafics de tout genre.

Aujourd’hui, les enfants pleurent, ils pleurent beaucoup, et leurs pleurs nous interpellent.

Il y a des enfants qui pleurent en vain.

En un temps qui proclame la sauvegarde des enfants parce qu’ils sont sacrés, leurs pleurs sont étouffés.

Les violences relevées sont physiques (châtiments corporels et emmaillotement), psychologiques (injures, frottement d’excrément sur le corps), et sexuels (inceste, viol, harcèlement sexuel, pédophilie, pornographie, excision, exploitation sexuelle).

64% de ces abus ont eu lieu en milieu familial, 25% en milieu scolaire, et 11% dans la rue. Les deux environnements par excellence où l’enfant devrait se sentir le plus protégé sont les milieux où il subit plus de violences et d’abus sexuels.

Malheureusement, pour 2116 cas dénoncés dont 1586 abus sexuels et 530 violences, 85% des plaintes déposées ont fait l’objet d’abandon de procédures judiciaires, sous les pressions familiales et la non protection des victimes.

Au regard de ce tableau, il apparait clair que la responsabilité des parents est  totalement engagée, soit de manière active (car auteurs du crime), soit de manière passive (pour non-assistance à personne en danger).

Mesdames et Messieurs,

Que se passe-t-il dans le cœur de l’homme ou de la femme qui est poussé à faire cela ? Il est temps de s’arrêter.

Les graves atteintes aux droits humains fondamentaux ne semblent pas connaitre de répit. Le tragique phénomène du trafic des êtres humains, sur la vie et le désespoir desquels spéculent des personnes sans scrupules, en représente un exemple inquiétant.

Nous entretenons la mentalité du  « déchet » qui pousse au mépris et à l’abandon des plus faibles, de ceux qui sont considérés comme  « inutiles ».

Mesdames et Messieurs,

Nous ne pouvons pas assister, indifférents et impuissants au drame d’enfants.

Prendre soin des enfants est un choix de civilisation.

ONG, établissements scolaires, police, gendarmerie, structures sanitaires, personnes de bonnes volonté, etc.., il ne faut jamais renoncer à faire le bien, même quand c’est difficile et qu’on subit des actes d’intolérance, voire de persécution réelle.

C’est pourquoi, et en partenariat avec les bureaux des conseils municipaux, d’arrondissements et départementaux, et avec la participation active des ONG, je décide l’ouverture de cellules d’écoutes au sein des structures des collectivités locales.

Ces cellules d’écoutes, animés par des experts, seront chargées de recevoir et d’accompagner les victimes dans toutes les démarches utiles de réparation, et de défense.

A cela j’ajoute que je prends l’engagement ferme, si nécessaire, de poursuivre en justice tout contrevenant, y compris les parents qui refusent d’aider leurs enfants victimes, notamment ceux qui rechignent à porter plainte.

Mesdames et Messieurs,

Ensemble nous pouvons et nous devons nous engager pour que ces enfants soient libérés, et pour que l’on puisse mettre fin à ces actes de barbarie.

Que l’Esprit Saint agisse dans les cœurs,  dissipe l’esprit de fermeture, de méchanceté, et de cruauté, et nous donne de nous attendrir devant la faiblesse de l’enfant.

Je vous remercie.

 

Alexandre Désiré TAPOYO